Sputnik
De quoi a peur l'Ukraine.
Sputnik publie les dépositions des snipers géorgiens
Andreï Vesselov
Un nouveau tournant dans le dossier des tirs sur le Maïdan. Le correspondant de Sputnik s'est entretenu avec les supposés snipers: citoyens géorgiens prêts à faire des dépositions devant le tribunal ukrainien. Sputnik dispose des procès-verbaux officiels de l'interrogatoire de Koba Nergadzé et d'Alexandre Revazishvili. Coïncidence curieuse: l'ex-président géorgien Mikhaïl Saakachvili a été expulsé d'Ukraine après l'annonce par Sputnik de la publication de son enquête. Le lendemain, Saakachvili aurait dû intervenir devant le tribunal concernant le dossier des snipers.

Les avocats Alexandre Gorochinski et Stefan Rechko ont procédé à l'interrogatoire conformément à la Constitution, au Code de procédure pénale et à la loi ukrainienne «Sur le barreau et les activités d'avocat». Actuellement, les deux avocats représentent les intérêts des anciens agents de la force spéciale le Berkout devant le tribunal du district Sviatochinski.

Nergadzé et Revazishvili se sont engagés officiellement à «faire des dépositions (donner des explications) honnêtes à l'avocat et par la suite devant le tribunal».


Les supposés snipers décrivent en détail leur vie en Géorgie. Ils étaient tous les deux par le passé partisans actifs de Saakachvili. Nergadzé a été agent de la dénommée Sonderkommando et Revazishvili, membre de l'organisation Zone libre. Ils intimidaient les militants de l'opposition, les passaient à tabac, suscitaient des provocations. Nergadzé a été formé à l'étranger: en Grèce, en Allemagne et en Lituanie. On lui apprenait, en particulier, la façon de travailler avec les protestataires à savoir: recueillir l'information, organiser les personnes, provoquer des conflits».
Ils sont arrivés en Ukraine sur ordre de Mamouka Mamoulashvili, conseiller militaire de Saakachvili, actuellement commandant de la «légion géorgienne» qui combat au Donbass du côté de Kiev.

D'après les dépositions des snipers, le problème des tirs a été débattu avec Andreï Paroubyi et Sergueï Pachinski qui sont actuellement respectivement, Président de la Rada suprême et chef du Comité de la Rada pour la défense et la sécurité. C'est un ancien militaire américain Christopher Brian qui a donné des instructions aux tireurs. Pachinski accompagné par des inconnus a apporté personnellement les armes au Conservatoire. Le 20 février 2014, le jour des fusillades de masse, Pachinski a tiré lui-même avec une mitraillette. Vladimir Parassuk qui était à ce moment-là «chef du groupe des cent» du Maïdan, puis officier du bataillon Dniepr et député du peuple d'Ukraine a tiré avec une carabine Saïga.
Pour leur mission sur le Maïdan, le groupe de Nergadzé a été payé 10.000 dollars avec la promesse de recevoir encore 50.000 dollars à leur retour. Aujourd'hui, Nergadzé et Revazishvili se cachent en Arménie en craignant pour leur vie. En s'adressant au tribunal et aux journalistes, ils essayent de rendre public cette affaire afin de se protéger. Ils ont raconté à Sputnik que beaucoup de ceux qui étaient impliqués aux tirs sur le Maïdan sont morts dans des circonstances suspectes.
Procès-verbal de collecte d'informations (d'interrogatoire)
de Koba Nergadzé

Procès-verbal Collecte d'informations (d'interrogatoire) en vertu de l'al. 7 art. 20 de la loi ukrainienne sur le barreau et les activités d'avocat

Le 20 décembre 2017
Début de l'interrogatoire: 13 h 00 min
Fin de l'interrogatoire: 15 h 00 min

Me Gorochinski Alexandre Alexandrovitch agissant en vertu du certificat attestant du droit de mener des activités d'avocat N3325 en date du 29.05.2008 et de la convention des services d'avocat au pénal 420160000000000002 en qualité de défenseur des prévenus Abroskin P.M., Marintchenko A.N.

Me Pechko Stefan Stefanovitch agissant en vertu du certificat attestant du droit à mener des activités d'avocat N2189 en date du 07.04.2005 et de la convention des services d'avocat au pénal 420160000000000002 en qualité de défenseur des prévenus Abroskin P.M., Ianichevskiy O.V.,

Considérant les art. 65, 66, 93, 95, 104, 223, 224 du Code de procédure pénale de l'Ukraine, les art. 19-21 de la loi ukrainienne sur le barreau et les activités d'avocat, ont interrogé:

1. Nom, prénom, patronyme: Nergadzé Koba Jorievitch
2. Date de naissance: le 16 octobre 1977
3. Nationalité: géorgienne
4. Citoyenneté: Géorgie
5. Justificatif d'identité de la personne interrogée: passeport N 11AA37507 délivré le 25 avril 2013.

Nergadzé Koba atteste avoir reçu des explications concernant le contenu de l'article. 6[original illisible] de la Constitution de l'Ukraine relatif à la non-responsabilité pour le refus de faire des dépositions (donner des explications) contre soi-même, des membres de sa famille, ses proches.
[signature]

Nergadzé Koba atteste avoir reçu des explications concernant le contenu de l'article 18 du Code de la procédure pénale de l'Ukraine relatif au droit de ne pas témoigner contre soi-même, ses parents et des membres de sa famille.
[signature]

Nergadzé Koba atteste avoir reçu des explications concernant le contenu de la partie 1 de l'art. 2[…] de la loi ukrainienne sur le barreau et les activités d'avocat, relatif à son droit de faire des dépositions à un avocat (d'être interrogé par celui-ci) uniquement de son propre gré et de refuser de donner des explications sans indiquer la raison d'un tel refus.

[signature]
Nergadzé Koba, après explication de ses droits et de ses devoirs sur la base du volontariat, sans contrainte et de son plein gré personnel, informe l'avocat qu'il lui présentera les informations qu'il connaît concernant les événements dont il a été témoin.
[signature]

J'atteste avoir compris mes droits [signature]
Je fais des dépositions et je donne les réponses bénévolement [signature]
Je voudrais donner des explications en russe [signature]

Bref contenu de la procédure pénale et de l'accusation:
Je fais savoir que le dossier des anciens membres de la force spéciale Berkout accusés de fusillades sur des participants aux actions de protestation, le 20 février 2014, est en cours d'examen par le tribunal régional Sviatochinski de Kiev.
Nous, avocats des membres de l'unité Berkout, avons appris des médias, notamment par le documentaire du journaliste italien Maidan occhidellagutrra (en russe), que vous avez participé directement aux actions de protestation du côté des manifestants et avez été témoin de l'emploi d'armes.
Actuellement, vous avez confirmé cette information lors d'un entretien oral.

Questions de l'avocat: Que pouvez-vous raconter au tribunal sur les événements de la révolution qui s'est produite en Ukraine (à Kiev) entre le 21 novembre 2013 et le 20 [original illisible] février 2014? Que pouvez-vous expliquer en détail concernant les événements du 20 février 2014 qui ont eu lieu au centre de Kiev, notamment dans les rues Institoutskaïa, Krechtchatik, sur la place de l'Indépendance, dans le quartier gouvernemental? Comment vous vous êtes mêlés aux manifestants, quels objectifs avez-vous eu et quelles tâches vous ont été fixées, de quels événements avez-vous été témoin et de quoi voulez-vous informer le tribunal?

Réponse de Koba Nergadzé:
Mikhaïl Saakachvili est arrivé au pouvoir en Géorgie en 2003. En août 2004, notre brigade a avancé sur son ordre vers Ergeneti situé à la frontière entre la Géorgie et la république non reconnue d'Ossétie du Sud sous prétexte de contrebande de vivres, de cigarettes au marché d'Ergeneti. Ce marché a été partagé entre les entrepreneurs géorgiens et ossètes. J'ai participé périodiquement pendant ces événements aux affrontements avec les représentants armés d'Ossétie du Sud. Notre brigade a perdu durant période 11 ou 12 militaires, je ne m'en souviens pas exactement, et au total 45 militaires géorgiens ont péri. Les combats se sont déroulés près des versants du mont Tsveriakhlo.
J'ai donné bénévolement ma démission de l'armée en septembre 2006 à cause de l'attitude du ministre géorgien de la Défense Irakli Oukrouachvili envers les militaires: il assurait la «discipline» dans les troupes avec des méthodes cruelles en encourageant la dénonciation. J'ai été accusé d'avoir été formé par des officiers russes et l'armée géorgienne n'avait pas besoin, selon eux, de tels militaires. J'ai donné ma démission de l'armée en ayant le grade de lieutenant.
Dans l'armée, j'ai fait la connaissance de Mamouka Mamoulashvili lors de l'anniversaire de mon ami Bejo.

Le service secret auprès du ministère de la Défense a été fondé début 2007. Ils recrutaient d'anciens policiers et des personnes ayant un casier judiciaire. J'ai réussi à y trouver du travail grâce aux relations de mon camarade Potchkidzé Zourab. Officiellement, ce service était chargé de la garde des meetings à Tbilissi pour éviter des affrontements entre partisans et adversaires de Saakachvili. Nous étions autorisés à porter des armes automatiques. Personne n'a participé aux événements de 2008. En 2008, j'étais en mission en Grèce et en Allemagne où j'ai suivi des cours de langue étrangère. Les collaborateurs de notre service ont été formés au centre Krtsaniski pour prévenir les troubles de masse, les règles de comportement des habitants lors de l'accomplissement de missions de paix. On nous apprenait à employer des armes étrangères utilisées dans l'OTAN et soviétiques. Des représentants d'Ukraine et des pays Baltes ont été également instruits dans ce centre par des militaires britanniques. On nous apprenait à entrer en contact avec des manifestants à savoir: obtenir l'information, organiser les gens, engendrer des conflits, inspirer si nécessaire des conflits et des meetings pour ou contre le pouvoir: cela dépendait de l'ordre. J'ai été envoyé pour faire mon stage dans un centre équivalent en Lituanie, à Vilnius durant l'été 2013. La base se trouvait près d'un marché automobile pratiquement en banlieue. Des personnes sont encore arrivées dans ce centre avec moi. Il y en avait encore près d'une quinzaine de Slaves qui parlaient ukrainien âgés de 30 à 35 ans. L'enseignement était en anglais. Nous y sommes allés deux fois pour deux à trois semaines. On nous a fait une démonstration d'éléments d'équipements policiers étrangers: véhicules blindés, Hummer et il y a eu des cours théoriques sur les actes parmi les manifestants à savoir: comment disperser un meeting, inspirer des provocations en vue de semer le chaos lors des meetings.

Les agents de notre service ont été employés par la suite pour réprimer les meetings de l'opposition en Géorgie, intimider les leaders de l'opposition surveillés, on massacrait si nécessaire les leaders de l'opposition sur ordre des commandants. On le faisait masqués. On nous appelait les «Sonderkommandos». Les agents de notre service dissimulaient généralement de quoi ils s'occupaient. Mamouka Mamoulashvili qui était officiellement conseiller du ministre de la Défense et homme de confiance de Saakachvili était le chef de nos groupes. Nous étions partagés en groupes de dix, j'ai été chef d'un de ces groupes; d'autres chefs: Gueorgui Saralidzé, Merab Kikabidzé, David Makishvili (tous, ils se trouvent actuellement en Ukraine). Nous étions rémunérés à part pour chaque mission accomplie. Par exemple, pour le massacre d'un député de l'opposition le groupe touchait jusqu'à 1.000 dollars. Le salaire principal était versé sur une carte bancaire.

En décembre 2013, Mamouka Mamoulashvili a réuni tous les agents du service et a dit qu'il fallait partir d'urgence en Ukraine pour aider les manifestants. Nous avons considéré cette instruction comme un ordre. Chaque chef de groupe, moi y compris a reçu de l'argent. J'ai reçu 10.000 dollars pour mon groupe: 100 dollars pour chacun. On m'a promis de payer encore 50.000 dollars au groupe dès notre retour. Chacun a dû présenter des photographies pour le passeport et les rendre à Mamoulashvili. Mamouka Mamoulashvili est parti avec mon groupe. À l'aéroport de Tbilissi, Mamoulashvili a pris nos passeports et nous a conduits devant les gardes-frontière, il n'y a pas eu d'objections de leur part. Dans l'avion, il nous a donné des passeports avec d'autres noms. J'ai reçu le passeport de Karoussanidzé Gueorgui, né en 1977. J'ai compris qu'à l'aéroport que Mamoulashvili nous a accompagnés avec de faux passeports. Ce fut un vol charter. Dès l'arrivée à Kiev (à l'aéroport Borispil), un homme qui est venue à notre rencontre s'est présenté comme


Andreï (J'ai appris plus tard son nom: Paroubyi). J'ai compris d'après le comportement de Mamoulashvili qu'ils se connaissaient. Nous n'avons montré nos passeports à personne. On nous a fait quitter l'aéroport et placé dans un minibus bleu. Paroubyi et Mamoulashvili nous accompagnaient. Le minibus s'est approché d'un immeuble à plusieurs étages rue Ouchinski (j'ai appris ce nom plus tard), je ne me souviens pas du numéro de l'immeuble, de l'appartement, de l'étage. Nous étions hébergés dans deux appartements de 2 pièces. Je ne saurai préciser la date d'arrivée: 10-15 décembre 2013. Nous y avons passé la nuit et le lendemain un minibus est arrivé comme il était convenu la veille avec Mamoulashvili. Nous étions accompagnés sur le Maïdan. Mamoulashvili était avec nous. Il n'a pas donné d'instruction ayant dit seulement qu'il fallait aider les manifestants, éviter l'ivrognerie, faire connaissance avec eux, détecter des provocateurs côté administration. Nous étions tous simplement présents sur le Maïdan. Nous n'avons pas participé aux affrontements avec les Berkouts. Chaque jour, on nous a conduits sur le Maïdan, nous avons passé la nuit dans des appartements et réveillonné à l'hôtel Ukraine. À part mon groupe, il y a eu des chefs d'autres groupes avec leurs subalternes: Kipiani, Kikabidzé, Makishvili, Saralidzé. Je ne sais pas quand ces groupes sont arrivés. À peu près le 10 février2014, j'étais avec mon groupe au deuxième étage et Mikhaïl Saakachvili, Mamouka Mamoulashvili, Andreï Paroubyi, Andreï Pachinski et un homme en camouflage sont venus nous voir. Saakachvili a salué tout le monde ayant remarqué ses compatriotes. Saakachvili nous a présenté l'homme en camouflage comme un ancien militaire américain Christopher Brian. J'ai appris plus tard de Mamoulashvili qu'il était sniper. Brian ne parlait pas russe, il parlait avec Saakachvili en anglais.
À part nous et les Ukrainiens, il y a eu à l'hôtel Ukraine plusieurs Lituaniens et Polonais.
Paroubyi Andreï, Pachinski Andreï, Mamoulashvili, Brian ont réuni le 14 ou le 15 février les chefs de groupes: Kikabidzé, Makiashvili, Saralidzé, moi, je ne me souviens pas qui encore, dans une chambre de l'hôtel au deuxième étage. Paroubyi a pris la parole nous disant «… il est nécessaire d'aider le peuple frère ukrainien et nous aurons bientôt une nouvelle mission». J'ai essayé de préciser le contenu de la nouvelle mission, mais Paroubyi a dit qu'il le dirait plus tard. La tension entre les manifestants et les Berkouts s'accentuait sur le Maïdan. J'ai vu alors chez les manifestants des fusils de chasse, des pistolets, des cocktails Molotov. Il y a eu en permanence des affrontements physiques avec les policiers utilisant des chaînes, des pierres. Les policiers n'avaient pas d'armes à feu et les manifestants en profitaient.
À peu près le soir du 18 février, Andreï Pachinski et plusieurs gars inconnus sont venus à l'hôtel avec de grands sacs. Ils ont sorti des sacs des Kalachnikov de 7,62 mm, des carabines SKS, un SVD avec lunette de visée et une carabine étrangère. Pachinski a dit que nous aurons besoin d'armes pour nous défendre «défendez-vous, camarades». Je lui ai demandé: «… nous défendre contre qui?» Pachinski n'a rien dit et est sorti. Ces armes ont été distribuées dans les chambres où se trouvaient les membres d'autres groupes. Mes subalternes et moi, nous n'avons pas pris les armes. J'ai vu à l'hôtel que plusieurs se sont mis à s'entraîner à tenir les armes en imitant le tir par la fenêtre. Mamoulashvili a expliqué à tout le monde que notre tâche consistait à éviter des présidentielles anticipées en Ukraine, sinon le Maïdan se dispersera.
Mamoulashvili s'est approché de moi tard dans la soirée du 19 février 2014 et m'a dit: «… Koba, nous aurons demain une journée difficile, nous aurons une mission qu'il faudra accomplir … il faudra semer le chaos sur le Maïdan et employer les armes contre tous les participants: manifestants, policiers, sans distinction. Il faut tirer sur des cibles vivantes pendant 15-20 minutes. Après vous devez vous retirer, tous et partir à Tbilissi». Je me suis indigné que nous ne nous soyons pas entendus à ce sujet et il n'ait pas évoqué une telle mission à Tbilissi.


Mamoulashvili a répondu qu'ils avaient décidé la veille à une réunion de réaliser ce plan et que c'était un ordre. J'ai demandé pourquoi nous n'avions pas été rémunérés. Mamoulashvili a répondu que nous le serons après le tir. J'ai objecté à Mamoulashvili qu'il nous faudra partir, immédiatement après les tirs, à Tbilissi et où pourrai-je le trouver pour récupérer l'argent pour tout le groupe [...] mille dollars? Mamoulashvili a répondu qu'il était prêt à payer immédiatement après la mission accomplie. Paroubyi et Brian ont assisté à cet entretien. Nous nous sommes disputés en géorgien et ils n'ont fait qu'écouter. J'ai assisté à la formation des autres chefs de groupes: Brian leur donnait des instructions en anglais, Mamoulashvili traduisait. Le plan d'actions était comme suit: le groupe dirigé par Pachinski passe dans le Conservatoire. Son groupe était composé d'Ukrainiens, de Polonais, de Géorgiens, de Lituaniens. Le groupe de Pachinski doit commencer le tir les premiers depuis le Conservatoire, les groupes qui étaient à l'hôtel Ukraine doivent tirer à tour de rôle dans un intervalle d'une ou deux minutes. Chaque tireur doit faire le maximum et partir en laissant son arme. D'après le plan, le tir ne doit pas durer plus de 20 minutes pour que les policiers ne parviennent pas à enregistrer le lieu où se trouve le tireur. Il y a eu des craintes que la police n'engage l'assaut et n'attrape les tireurs. Mamoulashvili a donné aux membres des groupes de tireurs des bandes blanches pour se distinguer les uns des autres. Mon groupe a été chargé de garder l'entrée de l'hôtel, le foyer, les couloirs dans les étages. Nous n'avons pas eu d'armes. Nous étions vêtus différemment: en camouflage, en civil, en noir, en tenue sportive, etc. Aucune instruction à ce sujet.

Tôt dans la matinée, vers 8 heures, j'ai entendu des tirs du côté du Conservatoire. Dans les 3-4 minutes, les groupes de Mamoulashvili ont commencé à tirer de l'hôtel Ukraine. J'étais dans le couloir au deuxième étage et j'ai vu en passant un tireur tirer dans une chambre et le second fermer la fenêtre après chaque tir et l'ouvrir avant le tir suivant. Le tireur se trouvait à près de cinquante centimètres de la fenêtre. Les deux tireurs passaient après le tir dans une autre chambre pour tirer encore une fois. Les tireurs ont fait près de 4-5 tirs pendant 20 minutes. Par la suite, ils ont laissé les armes dans la chambre et quitté rapidement l'hôtel. Je n'ai pas vu par qui et comment les armes ont été retirées des chambres. Bejo et moi, nous sommes restés à l'étage et n'ayant pas trouvé Mamoulashvili nous sommes descendus dans le hall de l'hôtel. J'ai vu là un Ukrainien de l'entourage de Pachinski et Paroubyi (Bejo le connaissait) qui a dit à Bejo: «… partez, sinon vous aurez des problèmes vous aussi». Nous sommes partis tout de suite dans un appartement, avons pris nos affaires et pris le même jour avec Bejo l'avion pour Tbilissi.
J'ai brûlé en Géorgie le passeport que m'a donné Mamoulashvili. Actuellement j'ai mon authentique passeport.
Les autres membres de mon groupe ont eux aussi pris l'avion pour Tbilissi.
[signature]
Question de l'avocat: Pourquoi avez-vous décidé de fournir cette information que maintenant?
Réponse de Koba Nergadzé: Il était très dangereux d'en parler auparavant et à qui? Mamouka Mamoulashvili a trompé les membres de mon groupe et moi-même. Actuellement, j'habite essentiellement en Arménie pour des raisons de sécurité.
[signature]
Question de l'avocat: Êtes-vous prêt à faire des dépositions devant un tribunal?

Réponse de Koba Nergadzé: J'y suis prêt, mais pas sur le territoire de l'Ukraine. Beaucoup de ceux que j'ai désignés se trouvent actuellement en Ukraine, ont le pouvoir et les moyens de m'éliminer. Il est dangereux de faire des dépositions en Ukraine.

[signature]

Avocats Gorochinski A.

Rechko S.


Procès-verbal de collecte d'informations (d'interrogatoire)
d'Alexandre Revazishvili

Procès-verbal

Collecte d'informations (d'interrogatoire) en vertu de l'al. 7 art. 20 de la loi ukrainienne sur le barreau et les activités d'avocat


Le 20 décembre 2017
Début de l'interrogatoire: 16 h 00 min
Fin de l'interrogatoire: 18 h 00 min

Me Gorochinski Alexandre Alexandrovitch agissant en vertu du certificat attestant du droit de mener des activités d'avocat N3325 en date du 29.05.2008 et de la convention des services d'avocat au pénal 420160000000000002 en qualité de défenseur des prévenus Abroskin P.M., Marintchenko [original illisible]
Me Pechko Stefan Stefanovitch agissant en vertu du certificat attestant du droit à mener des activités d'avocat N2189 en date du 07.04.2005 et de la convention des services d'avocat au pénal 4201600000000000 [original illisible] en qualité de défenseur des prévenus Abroskin P.M., Ianichevskiy O.V.,

Considérant les art. 65, 66, 93, 95, 104, 223, 224 du Code de procédure pénale de l'Ukraine, les art. 19-21 de la loi ukrainienne sur le barreau et les activités d'avocat, ont interrogé:

1. Nom, prénom, patronyme: Revazishvili Aleksandre Vitalievitch
2. Date de naissance: le 21 décembre 1975
3. Nationalité: géorgienne
4. Citoyenneté: Géorgie
5. Justificatif d'identité de la personne interrogée: passeport N 05AB91000 délivré le 15 août 2006 (deuxième passeport N 16BA[original illisible] délivré le 18.08.2017).

Revazishvili Aleksandre atteste avoir reçu des explications concernant le contenu de l'article. 63 de la Constitution de l'Ukraine relatif à la non-responsabilité pour le refus de faire des dépositions (donner des explications) contre soi-même, des membres de sa famille, ses proches.
[signature]

Revazishvili Aleksandre atteste avoir reçu des explications concernant le contenu de l'article 18 du Code de la procédure pénale de l'Ukraine relatif au droit de ne pas témoigner contre soi-même, ses parents et des membres de sa famille.
[signature]

Revazishvili Aleksandre atteste avoir reçu des explications concernant le contenu de la partie 1 de l'art. 20 de la loi ukrainienne sur le barreau et les activités d'avocat, relatif à son droit de faire des dépositions à un avocat (d'être interrogé par celui-ci) uniquement de son propre gré et de refuser de donner des explications sans indiquer la raison d'un tel refus.

[signature]
Revazishvili Aleksandre atteste avoir reçu des explications concernant la procédure de l'interrogatoire, ses droits et obligations prévus par l'art. 66 du Code de la procédure pénale de l'Ukraine ainsi que par l'art. 20 de la loi ukrainienne sur le barreau et les activités d'avocat selon lesquels:
1. Revazishvili Aleksandre a le droit de:
1) savoir en connexion avec quoi et dans le cadre de quelle procédure pénale il est interrogé;
2) se faire assister par un avocat lors de ses explications;
3) refuser de faire des dépositions concernant sa personne, ses parents proches, des membres de sa famille qui pourraient servir de fondement pour une suspicion ou une accusation d'avoir commis une infraction pénale, et des dépositions qui ne peuvent pas être divulguées conformément à l'art. 65 du Code de la procédure pénale de l'Ukraine;
4) il a le droit de faire des dépositions à un avocat (d'être interrogé par celui-ci) uniquement de son propre gré, de refuser de donner des explications sans indiquer la raison d'un tel refus;
5) faire des dépositions (d'être interrogé) dans sa langue maternelle, dans une autre langue qu'il maîtrise, se faire assister par un interprète;
6) utiliser des pièces écrites et documents lors de ses dépositions (explications) dans les cas où les dépositions concernent des calculs, [original illisible] des informations qu'il est difficile de garder à l'esprit;
7) prendre connaissance du protocole de l'interrogatoire (de l'audition), déposer des demandes, faire des [original illisible], des ajouts, des remarques;
8) déposer des demandes de garantir sa sécurité [original illisible] prévu par la loi;
9) récuser un interprète.

Revazishvili Aleksandre atteste avoir lu le contenu de l'art. 65 du Code de la procédure pénale de l'Ukraine [original illisible] avoir reçu des explications.
[signature]

2. Revazishvili Aleksandre a l'obligation de:
1) faire des dépositions (donner des explications) honnêtes et ultérieurement pendant le procès [original illisible], la procédure contentieuse en qualité de témoin;
2) ne pas divulguer sans autorisation de l'avocat des informations concernant l'enquête pénale et les actes de procédures qui auront été réalisés lors de l'interrogatoire et dont il aura pris connaissance suite à l'exécution de ses obligations.

Conformément à l'art. 6[original illisible] de l'Ukraine Revazishvili Aleksandre atteste avoir été informé que l'art. 384 du Code pénal de l'Ukraine prévoit la responsabilité pénale pour les fausses dépositions faites sciemment, [original illisible] des informations fournies pourront servir de fondement pour une vérification par un enquêteur [original illisible] conformément à la procédure prévue par la loi ukrainienne.
[signature]


Après avoir été informé de ses droits Revazishvili Aleksandre a déclaré qu'il souhaitait faire des dépositions (fournir des informations) en langue russe qu'il [original illisible] maîtrise sous forme de réponses aux questions de l'avocat avec établissement d'un procès-verbal.
L'assistance d'un interprète n'est pas nécessaire.
L'assistance d'un avocat lors des dépositions n'est pas requise.
[signature]

Revazishvili Aleksandre, après l'explication de ses droits et de ses devoirs sur la base de son volontariat personnelle, sans contrainte, de son plein gré intérieur personnel a informé l'avocat qu'il lui présenterait l'information qu'il connaît concernant les évènements dont il avait été témoin.
[signature]

J'atteste avoir compris mes droits [signature]
Je fais des dépositions et donne les réponses de mon propre gré [signature]
Je voudrais donner des explications en russe [signature]

Bref contenu de la procédure pénale et de l'accusation:
Je fais savoir que le dossier des anciens membres de la force spéciale Berkout accusés de fusillades sur des participants aux actions de protestation, le 20 février 2014, est en cours d'examen par le tribunal régional Sviatochinski de Kiev.
Nous, avocats des membres de l'unité Berkout, avons appris des médias, notamment par le documentaire du journaliste italien [original illisible] occhidellagutrra (en russe), que vous avez participé directement aux actions de protestation du côté des manifestants et avez été témoin de l'emploi d'armes.
Actuellement, vous avez confirmé cette information lors d'un entretien oral.

Questions de l'avocat: Que pouvez-vous raconter au tribunal sur les événements de la révolution qui s'est produite en Ukraine (à Kiev) entre le 21 novembre 2013 et le [original illisible] février 2014? Que pouvez-vous expliquer en détail concernant les événements du 20 février 2014 qui ont eu lieu au centre de Kiev, notamment dans les rues Institoutskaïa, Krechtchatik, sur la place de l'Indépendance, dans le quartier gouvernemental? Comment vous vous êtes mêlés aux manifestants, quels objectifs avez-vous eu et quelles tâches vous ont été fixées, de quels événements avez-vous été témoin et de quoi voulez-vous informer le tribunal?

Réponse d'Aleksandre Revazishvili:
Après avoir terminé mes études secondaires à Tbilissi, j'ai servi dans l'armée géorgienne [original illisible] brigade motorisée de fusiliers. Spécialité militaire: sniper de peloton motorisé de fusiliers. [original illisible] En 1995, je suis rentré dans la vie civile, mais n'avais pas trouvé d'occupation à cause du chômage. Je vivais de travaux d'appoint.
En 2003, Mikhaïl Saakachvili est devenu président de la Géorgie. La situation en Géorgie s'est améliorée. J'ai été embauché comme soudeur à l'usine de production de bière à Takhtar situé près de Tbilissi.
En août 2008 au moment des événements à Tskhinvali en conformité avec la loi, je me suis présenté au commissariat militaire. On m'a inscrit comme réserviste et m'a dit qu'on me convoquerait si besoin. Mais la guerre a été finie en trois jours et je n'ai pas été convoqué.



Suite à la défaite dans cette guerre le mouvement d'opposition contre la politique de Mikhaïl Saakachvili a monté en puissance en Géorgie. J'ai sympathisé avec les partisans de Saakachvili et j'ai rejoint une organisation «Zone libre». Le siège de l'organisation se trouvait à Tbilissi. Cette organisation soutenait activement les réformes de Saakachvili. L'organisation était dirigée par Koba Khabazi. L'organisation me demandait de participer à des provocations lors des manifestations d'opposition : on se mêlait aux protestataires, provoquait des bagarres pour que la police puisse interpeller les manifestants. Lors des manifestations, on photographiait les protestataires et remettait les photos à Khabazi en mains propres. Ce travail était bien payé: 50-150 dollars par mission. Au quartier général de la «Zone libre», j'ai fait la connaissance de Mamouka Mamoulashvili. Je n'étais pas proche de lui puisque j'étais un simple militant de l'organisation. Par d'autres membres de l'organisation, je savais que Mamoulashvili était proche de Saakachvili et d'autres dirigeants.

Des soi-disant «Sonderkommandos» luttaient activement contre l'opposition en Géorgie en effectuant des opérations en force contre les leaders d'opposition, les hommes d'affaires et les politiciens qui exprimaient leur désaccord avec le pouvoir. Mais c'était difficile de les infiltrer et je n'avais aucun rapport avec eux. Ces commandos étaient supervisés par Mamouka Mamoulashvili.

En mars 2013, j'ai été approché par Mamouka Mamoulashvili et Koba Khabazi qui m'ont proposé d'aller en Ukraine, à Kiev avec un groupe. L'objectif de cette mission était d'étudier la situation des bâtiments situés autour de la place de l'Indépendance et de la rue Krechtchatik pour réfléchir sur le choix des […] snipers car Mamoulashvili savait que j'étais sniper par ma spécialisation militaire. Cette mission m'a étonné, mais on n'a pas l'habitude de poser des questions surtout vu le statut de Mamoulashvili et de Khabazi. On m'a promis de payer 500 dollars pour cette mission, si je refusais j'aurais été licencié dans le meilleur des cas: dans notre organisation on pouvait faire un mauvais sort à ceux qui exprimaient leur désaccord. Dans une conversation Mamoukashvili a dit qu'il y aurait prochainement des soulèvements populaires en Ukraine et que mes conseils pourraient être utiles. Finalement Mamoulashvili, moi-même, Dato Gogokhia, Avtondil Kermoularia, Merab Kipiani ont pris à Tbilissi l'avion pour Kiev (aéroport Jouliany). À l'aéroport, on a passé le contrôle des frontières, on a été accueilli par quelqu'un (je ne me souviens pas par qui), on est monté dans un monospace Vito couleur argent et on est allé dans un appartement loué situé dans un immeuble à huit étages avenue Vozdoukhoflotski. À proximité du ministère ukrainien de la Défense.

Le lendemain, on est allé sur le Maïdan avec Mamouka Mamoulashvili pour la reconnaissance des lieux et l'examen des immeubles. Après la reconnaissance effectuée, on a choisi «le palais Oktiabrski, le Conservatoire et l'hôtel Ukraine».

On a passé 15 jours à Kiev, on n'a rien fait d'autre, on attendait des directives de Mamoulashvili qui sortait tout le temps et ne nous expliquait rien, on ne quittait pas l'appartement pour faire les courses, c'est le conducteur du monospace Vito qui nous apportait de la nourriture et des cigarettes. À la mi-avril, on est renté à Tbilissi.

De retour à Tbilissi, j'ai mené une vie normale, on ne m'associait à rien, j'ai reçu 500 dollars en paiement de la mission à notre siège des mains de Khabazi.

Fin septembre 2013, le même groupe a pris l'avion pour Kiev. On a vécu dans le même appartement. Mamoulashvili attendait je ne sais pas quoi, partait tout le temps pour des rendez-vous, on ne recevait aucun ordre. On a de nouveau étudié les lieux autour du Maïdan, on n'entreprenait rien. Généralement, on passait du temps dans l'appartement car Mamoulashvili demandait qu'on ne se promène pas en ville. Comme la fois précédente, c'est le conducteur qui nous apportait de la nourriture et des cigarettes. À la mi-novembre Mamoulashvili a donné l'ordre de partir et on est rentré avec lui à Tbilissi. Khabazi m'a payé […] dollars pour ce voyage.

On a fait ces voyages avec nos passeports.

Fin janvier 2014, Koba Khabazi m'a convoqué, ainsi que Gogokhia, Kermoularia, […] au siège de la «Zone libre» et a donné l'ordre d'aller à Kiev. Il a donné à chacun 1.000 dollars et a promis de payer 5.000 dollars à chacun une fois la mission terminée. Il n'a pas expliqué le but de la mission en disant seulement que c'était juste pour participer aux manifestations sur […],

pour aider les protestataires. Nous quatre avec Khabazi sommes allés à Borispil avec un vol régulier de la compagnie UIA (les hôtesses de l'air étaient ukrainiennes). À l'aéroport, on a été accueillis par Mamoulashvili. Il nous a pris nos passeports et c'est lui qui a fait toutes les formalités au contrôle des passeports. Après quoi on a été emmené dans le même appartement avenue Vozdoukhoflotski. Le lendemain, Mamoulashvili nous a emmenés sur le Maïdan et nous a logés dans une tente sur le Maïdan. Sur la Maïdan, c'est Khabazi qui nous donnait des instructions: notre mission consistait à provoquer les protestataires et monter une attaque. Notre groupe mêlé aux protestataires a participé à des violences contre les agents du Berkout: on a lancé des pierres, des cocktails Molotov. Sur le Maïdan, le processus a été organisé de la manière suivante: les uns apportaient des pavés, disposaient et donnaient des cocktails Molotov, les autres attaquaient les agents du Berkout et de la police. Tout le monde s'attendait à ce que les Berkouts lancent une offensive définitive.

Une fois, un journaliste (je ne me souviens pas de quelle chaîne) avec un caméraman est venu dans notre tente pour faire une interview. J'ai détourné la tête et baissé mon bonnet sur mes yeux pour ne pas être filmé et c'est Merab Kipiani qui a parlé avec lui et qui a dit qu'il n'avait rien à faire en Géorgie et qu'il était prêt à tirer pour aider le peuple ukrainien. Une fois le journaliste parti, on a critiqué Kipiani pour ses propos concernant sa volonté de tirer, on a eu un conflit avec lui. Le même soir, on a parlé à Khabazi du journaliste et des propos de Merab. Khabazi a dit que ce n'était pas grave.

Cela a continué jusqu'au 15 février, où Mamoulashvili est venu dans notre tente avec un Ukrainien qu'il a présenté comme Andreï et un homme en camouflage qu'il a présenté comme Christopher Brian, ancien militaire américain et notre instructeur. Mamoulashvili a dit qu'on intégrait le groupe d'Andreï. Andreï a dit que nous devions le suivre au Conservatoire. Lorsqu'ils sont partis, on a demandé à Khabazi: «Qui est Andreï et pourquoi nous devons être à ses ordres?» Khabazi a dit qu'il le fallait et qu'au Conservatoire nous serions aux ordres d'Andreï Pachinski (ce n'est qu'après j'ai appris que ce n'était pas Andreï mais Sergueï).

Nous quatre, on est passé dans le bâtiment du Conservatoire et on a occupé un local situé au premier étage où on a passé la nuit: sous une grande fenêtre. À part nous, il y avait des Ukrainiens et des Baltes. Les derniers jours avant les tirs, l'entrée au bâtiment était restreinte, des tiers ne pouvaient pas y entrer.

Les personnes qui s'y trouvaient ne parlaient pratiquement pas avec nous, elles s'adressaient l'une à l'autre par leurs surnoms au lieu des prénoms. La discipline y était très stricte, c'était l'opposé total de ce qui était sur le Maïdan. Tout le monde était aux ordres de seul Pachinski. J'ai compris que ces gens étaient réunis là-bas pour réaliser une mission concrète.

Le 19 février dans la journée, Mamoulashvili, Gueorgui Saral […] (alias «Malych», sniper), Kikabidzé, Kalandadzé (ancien chef d'État-major général sous Saakachvili) et une dizaine d'autres personnes que je ne connais pas, sont venus au Conservatoire. Mamoulashvili nous a demandé de quelle humeur on était. Ils riaient entre eux. Kalandadzé a demandé en géorgien à Mamoulashvili où était Micha. Mamouka a répondu que Micha était chez «Porokh». Ensuite, Mamouka est passé au russe et a appelé Pachinski. Je ne sais pas quel était le but de leur visite. Ils sont partis avec Pachinski. Au bout d'un moment, Pachinskiy est revenu accompagné de personnes que je ne connaissais pas qui apportaient des sacs avec des armes: c'étaient principalement des carabines SKS. Pachinskiy tenait une Kalachnikov 7,62 mm crosse ouverte.

Pachinskiya distribué des carabines presque à tous ceux qui se trouvaient dans la pièce et un carton de cartouches à chacun d'entre eux. De notre groupe, seul Kipiani a reçu une carabine. Avec nous dans la pièce, il y avait un jeune homme avec son père. Plus tard en regardant les nouvelles, à la télévision j'ai appris que son nom de famille était Parassuk. Le jeune homme disait toujours «papa» en s'adressant à l'autre, c'est pourquoi j'ai compris qu'ils étaient père et fils. Pachinski m'a demandé de l'aider à choisir une position pour le tir et a dit: «La nuit, les Berkout vont peut-être prendre d'assaut le conservatoire parce qu'Ianoukovitch

avec l'Europe concernant l'élection présidentielle, et le Maïdan peut se disperser, nous ne pouvons pas le permettre.»

Le soir du 19 février la lumière a été éteinte au Conservatoire. Je ne sais pas pour quelle raison. Une heure plus tard un groupe de personnes a installé 3 ou 4 projecteurs sur le balcon, ils les ont allumés et les ont dirigés vers Maïdan. J'ai compris pourquoi ils le faisaient: il n'y a pas de lumière dans le bâtiment et on ne voyait pas ceux qui s'y trouvaient alors que les projecteurs éclairaient les lieux de tirs et aveuglaient ceux qui surveillaient le bâtiment.

Dans la nuit du 20 février aux alentours de 4 ou 5 heures j'ai entendu des tirs du côté, m'a-t-il semblé, du palais Oktiabrski. Pachinski s'est rapidement levé, a saisi un talkie-walkie et a crié d'arrêter de tirer parce qu'il était trop tôt. Les tirs ont immédiatement cessé. [original illisible] vers 7h30 environ, Pachinski a ordonné à tout le monde de se préparer et quelques minutes plus tard il a donné l'ordre d'ouvrir le feu sur les manifestants et les Berkouts, de faire 2-3 tirs avant de changer de position. Après son ordre «Ouvrez le feu», tous ceux qui se trouvaient dans le Conservatoire ont ouvert le feu.

Les tirs ont été menés depuis la balustrade du premier étage à l'arrière [original illisible] du Conservatoire où on accédait par de grandes fenêtres. Les tireurs étaient habillés différemment: les uns étaient en noir, d'autres en camouflage. Pachinski, Parassuk et son père étaient habillés en noir. Plusieurs étaient masqués. Pachinski tirait avec sa mitraillette par rafales. Le jeune Parassuk utilisait une carabine Saïga, son père qui tirait avec un SKS [original illisible] était près du mur et de la fenêtre.

J'ai entendu après quelques minutes le tir plus intense du côté de l'hôtel Ukraine. On a tiré depuis le Conservatoire pendant près de 10-15 minutes.

Par la suite Pachinski a ordonné à tout le monde de «poser les armes et quitter l'immeuble». Les tireurs sans gants ont effacé les empreintes digitales sur les armes avant de les laisser, je suis sorti dans la rue avec eux. Les tirs du côté de l'hôtel Ukraine continuaient. Nous nous sommes arrêtés devant le Conservatoire et ce n'est qu'après l'arrêt de la fusillade, à peu près au bout de 5 minutes, qu'Avtondil, Dato et moi nous sommes retournés vers la tente. Kipiani qui tirait n'est pas venu.

Des manifestants parlaient entre eux et j'ai entendu que d'aucuns pensaient que c'étaient les leurs qui avaient tiré ; d'autres estimaient que c'étaient des miliciens ou des Berkouts. Certains manifestants avaient des armes: des carabines de chasse. Les gens étaient irrités. Nous avons regagné la tente et attendu Mamoulashvili et Khabazi. On a entendu dans la journée tirer quelque part derrière l'hôtel Ukraine. Kipiani n'est pas venu. Nous avons évité de sortir de la tente où nous avons passé la nuit. Le lendemain, des actions de deuil ont été engagées sur le Maïdan, j'ai entendu Klitschko, Iatseniouk et quelques-uns expliquer par haut-parleurs que les tirs étaient organisés par Ianoukovitch qui avait ordonné au Berkout de tirer.

Ayant évalué la situation nous sommes rentrés dans la tente pour ne pas flâner sur le Maïdan. Nous avons passé encore une nuit en espérant que nos chefs viendraient et nous diraient ce qu'il fallait faire.

Dato qui se promenait quelque part sur le Maïdan a appris de l'un de nos compatriotes que Kipiani était mort, on l'a trouvé tué d'une balle dans la tête. Après cela j'ai quitté tout de suite le Maïdan, ayant compris que je serai tué en tant que témoin. Je me suis rendu à l'aéroport de Borispol et j'ai pris l'avion pour Tbilissi. Avtondil et Dato sont restés sur le Maïdan. Je ne sais où ils sont maintenant ni ce qui leur est arrivé.
[signature]

Question de l'avocat: Êtes-vous prêts à faire des dépositions devant un tribunal?


Réponse d'Alexandre Revazishvili: J'y suis prêt mais pas sur le territoire ukrainien par crainte pour ma vie.
[signature]

Avocats Gorochinski A. [signature]

Rechko S. [signature]


Déclaration de Koba Nergadzé aux organes judiciaires de l'Ukraine
Aux organes judiciaires de l'Ukraine
Tribunal régional Sviatochinski de Kiev
Citoyen géorgien Nergadzé Koba Jorievich (Nergadzé Koba)
, né le 16 octobre 1977 passeport N11AA37507 délivré le 25 avril 20[original illisible]

Déclaration
Moi, Nergadzé Koba Jorievich (Nergadzé Koba), notifie aux organes judiciaires de l'Ukraine, que j'ai donné aux avocats mes explications concernant les événements qui se sont produits à Kiev en hiver 2014. J'ai participé directement à la révolution qui a eu lieu en Ukraine en 2014.
Le matin du 20 février 2014, j'étais à l'hôtel Ukraine et j'ai été témoin de l'emploi d'armes contre des personnes depuis l'hôtel.
Je fais savoir aux organes judiciaires ukrainiens que je suis prêt à faire des dépositions devant le tribunal concernant les événements qui se sont produits le 20 février 2014 sur la place de l'Indépendance et dans la rue Institoutskaïa à Kiev.
Je fais savoir, en outre, que je ne peux pas venir en Ukraine par crainte pour ma sécurité personnelle. Je suis contraint pour cette raison de déménager avec ma famille de Géorgie en Arménie.
J'ai compris à l'issue d'un entretien oral avec les avocats que je peux faire des dépositions à distance lors d'une vidéoconférence.
J'ai donné mon consentement et je suis prêt à faire des dépositions devant le tribunal lors d'une vidéoconférence sur le territoire de la République d'Arménie.

Respectueusement,
Nergadzé Koba Jorievich (Nergadzé Koba)
[signature]

Déclaration d'Alexandre Revazishvili
aux organes judiciaires de l'Ukraine
Aux organes judiciaires de l'Ukraine
Tribunal régional Sviatochinski de Kiev
Citoyen géorgien Revazishvili Aleksandre Vitalievitch (Revazishvili Aleksandre), né le 21 décembre 1975
passeport N 05AB91000 délivré le 15 août 2006 (deuxième passeport N 16BA31588 délivré le 18.08.2017).

Déclaration

Moi, Revazishvili Aleksandre (Revazishvili Aleksandre), notifie aux organes judiciaires de l'Ukraine, que j'ai donné aux avocats mes explications concernant les événements qui se sont produits à Kiev en hiver 2014. J'ai participé directement à la révolution qui a eu lieu en Ukraine en 2014.
Du 19 février 2014 au soir au 20 février 2014 au matin, j'étais à l'hôtel Ukraine et j'ai été témoin de l'emploi d'armes contre des personnes depuis l'hôtel.
Je fais savoir aux organes judiciaires ukrainiens que je suis prêt à faire des dépositions devant le tribunal concernant les événements qui se sont produits le 20 février 2014 sur la place de l'Indépendance et dans la rue Institoutskaïa à Kiev.
Je fais savoir, en outre, que je ne peux pas venir en Ukraine par crainte pour ma sécurité personnelle. Je suis contraint pour cette raison de déménager de Géorgie en Arménie.
J'ai compris à l'issue d'un entretien oral avec les avocats que je peux faire des dépositions à distance lors d'une vidéoconférence.
J'ai donné mon consentement et je suis prêt à faire des dépositions devant le tribunal lors d'une vidéoconférence sur le territoire de la République d'Arménie.

Respectueusement,
Revazishvili Aleksandre Vitalievitch
(Revazishvili Aleksandre)
[signature]


Billets d'avion confirmant l'arrivée de Koba Nergadzé
et d'Alexandre Revazishvili à Kiev pendant les événements
sur le Maïdan*

*Mamouka Mamoulashvili a donné à Nergadzé un passeport au nom de Gueorgui Karoussanidzé.
Aleksandre Revazishvili et Koba Nergadzé ont répondu dans une interview à Sputnik à des questions: qui a donné des armes aux tireurs, qui a ordonné d'ouvrir le feu et qui a donné les ordres aux snipers?

Revazishvili et Nergadzé sont arrivés en 2014 à Kiev sur ordre de Mamouka Mamoulashvili (actuellement commandant de la dénommée «légion géorgienne» combattant au Donbass du côté de Kiev). Une bonne rémunération a été promise aux anciens militaires pour cette mission. Ils étaient dans des groupes différents: Revazishvili était dans le Conservatoire et Nergadzé dans l'hôtel Ukraine. D'après leurs témoignages, c'était Sergueï Pachinski, actuellement chef du comité de la Rada suprême pour la sécurité nationale et la défense qui leur a donné des armes. Selon Revazishvili, Pachinski et Vladimir Parassuk (actuellement député de la Rada) ont participé personnellement à l'assassinat de personnes sur le Maïdan. L'ordre d'ouvrir le feu contre les manifestants et les agents des forces spéciales a été donné également par Pachinski.

Nouveaux témoignages de snipers géorgiens
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