Les «sorcières nocturnes», héroïnes de la Grande Guerre patriotique
Le 46e régiment d'aviation féminin de l'armée de l'air soviétique - surnommé «les sorcières nocturnes» - a été formé
sur ordre du Commissaire du peuple pour la défense en 1941: ses membres étaient aux ordres de la pilote expérimentée Evdokia Botcharova (Berchanskaïa du premier mariage), secondée par Maria Rount.
Malgré le surnom moqueur «Dounia», elles savaient parfaitement effrayer l'ennemi.
Un régiment d'aviation féminin

En raison de sa composition totalement féminine et du prénom de la commandante, les pilotes masculins appelaient parfois le 46e régiment «Dounia». Malgré ce surnom moqueur, elles savaient parfaitement effrayer l'ennemi. Formées à Arkhanguelsk, les 115 jeunes femmes qui le composaient ont été envoyées au front le 27 mai 1942: elles occupaient absolument toutes les fonctions au sein de la formation militaire.
Les femmes-pilotes du 46e régiment d'aviation féminin
Le surnom de «sorcières nocturnes» est dû
à leur appartenance à la 218e division de bombardement nocturne qui effectuait uniquement des vols de nuit. Les jeunes femmes ont passé leur baptême du feu le 12 juin,
deux semaines après leur arrivée sur le front.
Le régiment a mérité la distinction «de la Garde» pour les exploits de ses dames. A la fin de
la guerre, il a rejoint la 325e, puis la 2e division. Il a finalement été dissous.
Les femmes-pilotes du 46e régiment d'aviation féminin, Ievdokia Berchanskaïa, Maria Smirnova, Polina Guelman
Le parcours des «sorcières nocturnes»

Le premier vol des « sorcières » a eu lieu dans
la région de la steppe du Sal. Puis les jeunes femmes ont combattu dans le Don, près du fleuve Mious et de la ville de Stavropol. Quand
les forces soviétiques ont franchi la frontière,
les pilotes se sont battues en Pologne pour libérer Varsovie, Augustow et Ostrolenka
de l'occupant. Début 1945, le 46e régiment combattait déjà sur le territoire prussien et
dans les derniers mois de la guerre il a participé
à la légendaire offensive Vistule-Oder.
Les avions pilotés par les «sorcières»

Les «sorcières nocturnes» pilotaient des biplans Po-2 (Polikarpov). Le nombre d'appareils a augmenté en quelques années pour passer de 20 à 45.
Un Po-2
Cet avion, initialement conçu pour la formation, n'était pas prévu pour le combat. Il ne disposait même pas de points d'emport pour des bombes (les obus étaient accrochés sous l'avion avec
des attaches spéciales). Un tel appareil pourrait voler à une vitesse maximale de 120 km/h.
Sachant que chaque Po-2 portait le poids
d'un grand bombardier, parfois jusqu'à 200 kg
en une mission, les pilotes combattaient uniquement de nuit, menant parfois plusieurs opérations en une nuit et terrifiant les positions ennemies.
Avec un armement aussi modeste, les femmes du régiment
ont réalisé des miracles. Les jeunes femmes n'avaient pas de parachutes et si leur avion était endommagé, il ne leur restait qu'à mourir héroïquement: les compartiments destinés
au parachute étaient remplis de bombes car 20 kg d'armements supplémentaires représentaient un sérieux avantage au combat.
Jusqu'en 1944, ces avions de formation n'étaient pas munis de mitrailleuses. L'appareil pouvait être piloté
aussi bien par le chef de bord que par son coéquipier, c'est pourquoi quand le premier se faisait tuer
le second pouvait faire revenir l'avion à la base.
Nathalia Kravtsova, femme-pilote, qui a fait 980 sorties, Héroïne de l'Union soviétique
Prouesses des pilotes

Les vols des jeunes femmes étaient très intenses, et visaient littéralement à recouvrir les positions de l'ennemi d'un tapis de bombes. Les pauses entre les missions étaient généralement de
5 minutes seulement. En une nuit, chaque Po-2 effectuait dix vols ou plus. Dans la bataille du Caucase, les femmes ont accompli près de 3 000 vols, plus de 4 600 vols pour le Kouban, Novorossiïsk et Taman, plus de 6 000 pour
la Crimée, 400 pour la Biélorussie, et presque
5 500 vols pour la Pologne. Les pilotes ont accompli chacune près de 2 000 sorties, accumulant ainsi pratiquement 29 000 heures de vol. Les «sorcières nocturnes» ont fait exploser 17 ponts, 46 entrepôts de munitions, 86 positions de feu ennemies, 12 citernes de carburant, neuf trains, deux gares ferroviaires prises par l'ennemi. Au total, elles ont lancé contre les fascistes plus de 3 000 tonnes de bombes. 32 pilotes sont mortes héroïquement au combat. Le régiment a subi ses plus lourdes pertes en 1943 après une soudaine attaque de chasseurs Messerschmitt Bf.110: 3 avions ont explosé dans les airs avec leur équipage.
Pour la libération de la péninsule de Taman, le 46e régiment a reçu sa deuxième distinction «de Taman». Plus de 250 pilotes ont reçu de nombreuses récompenses. 23 sont devenues des héros de l'Union soviétique dont Raïssa Aronova,
Vera Belik, Polina Guelman, Ievguenia Jigoulenko, Tatiana Makarova et Ievdokia Pasko.
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