Fonds des diamants: l'écrin principal de la Russie
Les chefs-d'œuvre de la joaillerie russe, ayant une valeur inestimable, sont exposés au Fonds des diamants à Moscou.
Dans la pénombre des salles, on entend la voix cauteleuse du guide. Des visiteurs sont éblouis par l'éclat des diamants et des saphirs. De majestueuses pépites d'or, qui sont les plus grandes pépites de Russie, sont exposées en face.

Dans les objets plus petits, on devine des visages humains, par exemple dans une célèbre pépite d'or on croit voir Méphistophélès alors que dans d'autres on verrait des animaux comme dans la pépite Les Oreilles du lièvre.

Une telle diversité fait tourner la tête et le guide dit en plaisantant qu'il fallait prendre avec soi des lunettes noires pour ne pas être ébloui par l'éclat des pierres.
V.Pavlov, Mikhaïl Voskresenski © SPUTNIK
La pépite d'or Le Grand triangle
Une grande collection de diamants et de pépites d'or, venant de toute la Russie, est exposée au Fonds des diamants. La pépite d'or Le Grand triangle, qui pèse 36 kilos, est la plus grande pépite d'or de Russie et une des plus grandes au monde.

Cette pépite d'or a été découverte en 1842 dans la région de Miass, dans le sud de l'Oural, à trois mètres de profondeur. Sa surface garde des traces des cristaux de quartz et du carbonate.
sLes débuts de la collection du Fonds des diamants remontent au XVIIIe siècle lorsque Pierre le Grand a ordonné d'aménager un local spécial pour les joyaux d'État qui a par la suite reçu le nom de Chambre des diamants. Au fil du temps, cet écrin s'est trouvé alimenté par des joyaux créés par les meilleurs joailliers de Russie.


La grande couronne impériale de l'Empire russe
La grande couronne impériale de l'Empire russe est l'objet le plus connu et le plus important de l'exposition du Fonds des diamants. La couronne était considérée comme le symbole le plus important des monarques russes qui la portaient lors des sacres de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle.
La couronne est fabriquée d'or, de 4.936 diamants et perles et pèse deux kilos. Elle est surplombée d'un spinelle de 398 carats, pierre fine de couleur rouge vif qui est relativement rare dans la nature.
Il est à noter que la forme même de la couronne est hautement symbolique. Deux hémisphères en argent incarnent la rencontre entre l'Orient et l'Occident sur le sol de l'Empire russe, les lauriers qui ceinturent la couronne en bas désignent le pouvoir et la gloire alors que les feuilles et glands de chêne entre les deux hémisphères représentent la solidité et l'indéfectibilité du pouvoir.

Il est difficile d'imaginer combien d'efforts et de temps il a fallu pour fabriquer cette couronne qui devait être prête pour le sacre de Catherine II, en 1762. Les joailliers ont fait ce travail en un temps record: seulement deux mois.
  • © SPUTNIK/Sergueï Piatakov
L'orbe impérial Pomme de tsar
Un orbe impérial a été créé à l'occasion du sacre de Catherine II. Connu sous le nom de Pomme de tsar, l'orbe a fait partie des régalia impériaux pendant de longues décennies, jusqu'à l'époque du tsar Nicolas II.
Le mot russe pour orbe est derjava. Ce mot aux racines assez anciennes vient du vieux russe «d'rja» ce qui signifie «pouvoir». Selon une version, l'orbe symbolise la puissance du dirigeant et la capacité de celui-ci de tenir (en russe «derjat'») l'État en main. C'est pourquoi pendant plusieurs siècles l'orbe était considéré comme un attribut incontournable des tsars russes.
Au départ, l'orbe avait une apparence plus modeste. C'était une sphère en or ceinturée par des bandes de diamants coiffée d'une petite croix. On dit que des diamants ont été pris d'une robe de Catherine II pour orner l'orbe.

Sous le règne de l'empereur Paul Ier, un saphir de 200 carats et un diamant blanc de presque 47 carats ont été ajoutés à l'orbe.
© SPUTNIK/Vladimir Vdovine
Le sceptre impérial et le diamant Orloff
L'ensemble de régalia impériaux est complété par un sceptre fabriqué au début des années 1770. Coiffé d'un aigle à deux têtes en émail noir et diamants, le sceptre est orné du diamant Orloff, le plus grand de la collection du Fonds des diamants, qui pèse 189 carats.

Selon une légende, ce diamant a été découvert au sud de l'Inde au début du XVIIIe siècle. Au départ, la pierre pesait beaucoup plus mais «s'est amincie» avec la taille. D'après une des versions, le diamant ornait un temple hindouiste avant d'avoir été emporté par des soldats britanniques. Selon une autre version, la pierre a été volée par un Français qui pour ce faire s'était converti à l'hindouisme et était même devenu servant auprès du temple.

Après bien des péripéties, le diamant a fini par atterrir à Amsterdam où il a été acheté par le joaillier de la cour des tsars russes Ivan Lazarev.
Plus tard, la pierre a été rachetée par le favori de l'impératrice Catherine II, le comte Grigori Orlov, qui a par la suite donné son nom au diamant. Le comte a offert la pierre à l'impératrice à l'occasion de l'anniversaire de celle-ci pour lui prouver son amour et se réconcilier avec elle après une longue querelle.
Certains mettent en doute cette version romantique et affirment que le diamant Orloff s'est retrouvé entre les mains de l'impératrice du propre gré de celle-ci: ne voulant pas que l'utilisation des recettes publiques à des fins personnelles soit connue, Catherine la Grande a demandé à son favori d'acheter la pierre qui a ensuite été incrustée dans le sceptre.

La pierre a conservé sa taille initiale indienne, les joailliers russes n'y ayant apporté aucune modification.
© SPUTNIK/Sergueï Piatakov
Le diamant Shah
Ce diamant pèse beaucoup moins que le diamant Orloff, 88,7 carats, mais sa valeur n'est pas moindre. Cette pierre aurait été découverte au XVIe siècle en Inde et ornait le trône des padischahs. Plus tard, elle s'est retrouvée entre les mains des conquéreurs persans.

Sur les facettes du diamant, on voit trois inscriptions gravées en langue persane qui permettent de retracer en partie l'histoire de la pierre. Ces inscriptions indiquent les noms de propriétaires de la pierre et les années de possession allant de 1591 à 1826.

Ce diamant est connu en Russie pour son histoire véritablement sanglante. En 1829, il est été offert à l'empereur russe Nicolas Ier par le chah de Perse Fath Ali Qadjar en signe de réconciliation après le massacre des employés de l'ambassade russe à Téhéran par des fanatiques islamistes. C'est dans cette attaque qu'a été assassiné Alexandre Griboïedov, dramaturge, compositeur et diplomate russe, auteur de la pièce Le Malheur d'avoir trop d'esprit.

Ce massacre aurait pu déclencher une nouvelle guerre entre la Russie et la Perse mais le chah a réussi à l'éviter en envoyant une lettre expiatoire à l'empereur russe et en offrant de riches cadeaux dont le diamant Shah.
© SPUTNIK/Selimkhanov
Le diadème La Beauté russe
Ce diadème a été fabriqué par des joailliers de la cour des tsars russes en 1841. Il a été commandé par l'empereur Nicolas Ier spécialement pour son épouse Alexandra Fedorovna.

Le diadème est fait en platine, de milliers de diamants de différents poids et tailles ainsi que de 25 grandes perles en forme de gouttes d'eau qui bougent à chaque mouvement.
L'original de la Beauté russe a la forme de kokochnik qui est une coiffure traditionnelle féminine russe. À l'époque, sur l'ordre de l'empereur, les dames de la cour portaient les kokochnik en tant que partie de leur toilette d'apparat.
Aujourd'hui, on peut voir au Fonds des diamants une réplique exacte du diadème faite par les joailliers soviétiques en 1987 suivant les croquis et les photos d'archives.
© SPUTNIK/Iouri Somov
Les régalia impériaux et les joyaux ayant appartenu aux membres de la famille impériale, des pierres précieuses et des métaux nobles, des chefs-d'œuvre de la joaillerie de différentes époques ne sont qu'une infime partie des richesses du Fonds des diamants qui ont une grande valeur historique, artistique et scientifique.

Chaque pièce conservée au Fonds des diamants a traversé plusieurs siècles de l'histoire russe pour en devenir une partie et transmettre l'esprit de l'époque aux générations suivantes.

On peut également y admirer un bracelet en or avec un diamant plat et un portait en dessous de la pierre, un saphir bleu d'origine srilankaise pesant 260,37 carats, 926 diamants trouvés dans les quatre coins de la Sibérie et de nombreuses autres pièces.
© SPUTNIK/Iouri Somov
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Le Fonds des diamants est ouvert tous les jours, sauf le jeudi, de 10h00 à 18h15. Pour plus d'informations allez sur le site officiel de l'agence d'Etat russe des métaux précieux et pierres précieuses (Gokhran) http://www.gokhran.ru/ru/diamond-fund/index.phtml
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